CURL (2020-2021)

Coordination Ifremer

Type de projet

Financeur

 Durée du projet

Lien

F. Akcha (CCEM)

Innovation, projet à risques

LabEx COTE appel à projets Transfert et Valorisation paru en 2020

1/12/20 - 1/12/ 21

Surfrider

 

Le milieu marin est le réceptacle de nombreuses substances chimiques liées aux activités anthropiques. Cette contamination chimique provient essentiellement du continent (plus de 80 % des apports) et présente une grande diversité tant au niveau des sources de contamination que du type de molécules chimiques relarguées. Aux pertes observées lors de leur production, de leur transport et de leur usage, peuvent également s’ajouter des déversements accidentels. Cette contamination chimique touche particulièrement les zones littorales et revêt de nombreux enjeux environnementaux, sanitaires et socio-économiques. Compte tenu de la toxicité de certaines substances chimiques, cette pollution représente en effet un danger pour le fonctionnement des écosystèmes marins et leur biodiversité mais également pour l’homme. Compte tenu de la bioaccumulation possible de ces molécules chimiques, une contamination des ressources marines consommées par l’homme peut notamment conduire à des risques sanitaires. Bien que peu étudié, l’homme peut également être exposé à ce risque chimique en mer lors de ses activités récréatives. Les eaux de baignade sont elles aussi concernées par cette pollution chimique, pour autant, d’un point de vue réglementaire, le suivi de leur qualité reste encore aujourd’hui uniquement basé sur la présence de microorganismes pathogènes (Bathing Water Directive (2006/7/EC). Il existe pourtant une demande forte des usagers de connaitre leur niveau d’exposition à ces molécules chimiques et de ce fait le risque pour leur santé dans la réalité de leur pratique sportive (surf, baignade, plongée).

C’est dans ce contexte que le projet CURL a proposé de travailler à la conception d’un outil novateur basé sur l’utilisation d’échantillonneurs passifs pour le suivi de l’exposition chimique des usagers de la mer pendant les activités récréatives. L’originalité du projet repose sur le détournement de ces outils de leur usage classique (suivi de la contamination chimique des masses d’eau) pour acquérir des données qualitatives et quantitatives sur l’exposition des usagers pendant leur activité.

Personnels Ifremer

Les partenaires

J.L. Gonzalez (LERPAC), N. Briant (CCEM), T. Sireau (CCEM)

UMR EPOC LPTC, Surfrider Europe

Principaux résultats :

  • Des échantillonneurs de type DGT (Diffusive Gradient in Thin film) ont été utilisés pour la mesure des quantités de métaux présents dans l’eau au moment de la pratique sportive. La structure classique des POCIS (Polar Organic Chemical Integrative Samplers) utlisés pour le suivi des contaminants organiques hydrophiles a quant à elle été repensée pour s’adapter au mieux aux contraintes techniques liées aux conditions d’usage (temps d’immersion, hydrodynamisme, passage à sec…) : réduction de la taille des POCIS, modification de la quantité de phase absorbante, tests de différents types de membranes et de porosité différente, modification de la géométrie des échantillonneurs.
  • Un kit d’échantillonnage à l’aide de ces outils a pu être mis au point grâce à la collaboration avec le Water Sports Center de Decathlon à Hendaye. Une guêtre a été fabriquée pour permettre aux surfeurs de déployer ces échantillonneurs au moment de la pratique sportive sans aucune gêne pour leur activité.
  • Entre 2020 et 2021, 11 kits ont été déployés par les bénévoles au cours de différentes pratiques nautiques (surf, nage, plongée). Les composés ciblés en première intention ont été les résidus de produits pharmaceutiques et les pesticides ainsi que les ETM. Grâce aux bénévoles, nous avons pu par exemple cumuler jusqu’à plus de 100h d’utilisation discontinue pour les échantillonneurs de type POCIS pour lesquels aucune casse n’a été déplorée.
  • Les résultats obtenus ont montré qu’aucun des échantillonneurs POCIS testés dans les conditions « CURL » ne remplissait pleinement l’ensemble des critères de robustesse nécessaires à la garantie de leur bon fonctionnement (état des membranes, perte de phase, désorption des PRC, marqueur de conservation). Néanmoins, ces résultats permettent de poser les bases des futures améliorations à apporter dans le design de ce type d’outils. Nous avons tout de même pu montrer l’exposition des surfeurs à au moins 19 molécules chimiques (8 pharmaceutiques et 11 pesticides).
  • Pour ce qui concerne les DGT, aucun résultat n’a été obtenu du fait de problèmes récurrents de contamination des blancs et de séchage des résines au cours des utilisations répétées. Cela met en avant le besoin accru d’une meilleure formation des bénévoles à la manipulation de ces outils.
  • Les premiers résultats obtenus sont favorables à la poursuite de ce projet. Plusieurs pistes d’amélioration ont d’ores et déjà été identifiées. Une recherche de financement est en cours.
  • Ce projet de science participative a permis à Surfrider Europe de se positionner comme acteur sur le sujet des contaminants chimiques et d’acquérir des données indépendantes sur un sujet complexe.